1- La figure du traître dans les monarchies hellénistiques : une catégorie opérante ?


Hugo Chausserie-Laprée


L’amitié jouait un rôle déterminant dans l’idéologie et le fonctionnement des royautés hellénistique dont les membres dirigeants portaient le titre d’amis (philoi). En dépit d’une telle valorisation de l’amitié, l’histoire des monarchies hellénistiques fut aussi peuplée de philoi et conseillers transfuges, passés d’une cour à une autre. Or, jamais l’ami-transfuge ne fut considéré comme un traître car l’amitié (politique) n’entrait pas encore, dans la pensée et les pratiques grecques, en contradiction avec la trahison ; celle-ci constituait une possibilité parmi d’autres (à côté de la loyauté) dans les trajectoires des Amis royaux – dans un cadre où les rois se livraient une compétition intense pour attirer à eux les philoi de leurs rivaux et où prévalait une conception utilitaire de l’amitié. Cela conférait aux Amis une certaine indépendance et les cas de « trahison » en disaient moins sur ceux qui trahissaient que sur celui qui était trahi – qui s’était montré incapable de les conserver à coup de bienfaits et de récompenses. 

Mots clés. – monarchies hellénistiques, philoi, amitié, gouvernement, traîtres, conseillers. Hugo Chausserie-Laprée, Les Cahiers d’AGORA.

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